Premier bilan de Notification obligatoire de l’infection à VIH en France (2003-2004)

Estimation du nombre de découvertes de séropositivité

Depuis la mise en place de la notification obligatoire du VIH (mars 2003) jusqu’au 31 décembre 2004, 8 327 diagnostics d’infection VIH ont été notifiés en France, dont 6 302 notifications correspondent à des découvertes de séropositivité (6 258 adultes et 44 enfants de moins de 13 ans). Ces effectifs sont sous-estimés pour l’année 2003 du fait de la montée en charge progressive du système, pour l’année 2004 du fait des délais de déclaration, et pour les deux années compterendu de la sous-déclaration. Ils ne représentent donc pas le nombre réel de découvertes de séropositivité et ne peuvent pas s’interpréter en terme de tendances.

Pour estimer le nombre réel de découvertes de séropositivité VIH, les données issues de la notification obligatoire ont été comparées au nombre de sérologies confirmées positives en 2004 (LaboVIH). Cette comparaison permet d’estimer à 61 % l’exhaustivité de la déclaration du VIH en 2004. En appliquant cette proportion au nombre de notifications de découvertes de séropositivité en 2004, corrigé pour les délais de déclaration, on estime à environ 7 000 le nombre de découvertes de séropositivité en 2004.

Sexe et âge

Parmi les découvertes de séropositivité, la proportion d’hommes est globalement de 58 %. Ce pourcentage a augmenté de 56 % au 1er trimestre 2003 à 61 % au 2ème trimestre 2004. Cet accroissement est principalement lié à l’augmentation de la proportion d’homme de nationalité française qui est passée de 30 à 37 % entre ces deux semestres.

L’âge moyen au diagnostic d’infection à VIH est de 36,5 ans pour l’ensemble des cas (33,4 ans chez les femmes et 38,8 ans chez les hommes)

Mode de contamination

Parmi les personnes découvrant leur séropositivité, 56 % ont été contaminées par rapports hétérosexuels, 22 % par rapports homosexuels et 2 % par usage de drogues injectables. La part des découvertes de séropositivité chez les homosexuels a progressivement augmenté entre le 1er trimestre 2003 et le 2ème trimestre 2004 (de 19 à 27 %) tandis que celle des personnes contaminées par rapports hétérosexuels a diminué, dans le même temps de 57 à 52 %. Les personnes contaminées par rapports hétérosexuels sont en majorité des femmes (60 %). Plus de la moitié des femmes (56 %) et 41 % des hommes contaminés par rapports hétérosexuels sont de nationalité d’un pays d’Afrique subsaharienne (principalement Cameroun, Côte d’Ivoire, Congo et République démocratique du Congo).

Motif de dépistage

Le premier motif de dépistage est la présence de signes cliniques ou biologiques (pour 24 % des femmes et 40 % des hommes). Le dépistage a été réalisé du fait d’une exposition à risque, pour 18 % des femmes et 25 % des hommes. La grossesse est un motif de dépistage chez 19 % des femmes, plus fréquent chez les Africaines (21 %) que chez les Françaises (16 %).

Stade clinique

Parmi les personnes découvrant leur séropositivité, 8 % ont été diagnostiquées précocement au stade de primo-infection, 55 % à un stade asymptomatique, 14 % à un stade symptomatique non-sida et 13 % tardivement au stade sida. Le stade clinique n’est pas précisé pour 10 % des notifications.

Répartition géographique

Parmi les 6 302 découvertes de séropositivité, 49 % concernent des personnes domiciliées en Île-de-France et 8 % des personnes domiciliées dans les départements français d’Amérique.

Sérotypage

Le type de virus (VIH-1 ou VIH-2) a pu être déterminé pour la quasi-totalité des découvertes de séropositivité. La proportion de VIH-2 est de 1,9 % (parmi lesquels 0,2 % de coinfections VIH-1/VIH-2). Parmi les infections à VIH-1, le groupe est connu dans environ 67 % des cas. Celle du groupe O représente 0,2 % (0,05 % de co-infection O + M). Parmi les 95 % de cas du groupe M qui ont été sous-typés, 48 % sont des sous-types non-B.

La proportion élevée des sous-types non-B (notamment chez celles récemment contaminées : 26 %), indique que ces sous-types circulent dans la population française. La diffusion de ces soustypes non-B dans la population hétérosexuelle est de 33 %, elle est également de 13 % chez les homosexuels et tout particulièrement chez ceux vivants en Île-de-France (18 %).

Notification obligatoire du sida

Au 31 décembre 2004, le nombre total de cas de sida notifié depuis le début de l’épidémie est de 59 495. Le nombre de personnes vivantes ayant développé un sida est estimé à environ 25 700. Entre 1998 et 2002, le nombre de nouveaux cas de sida a diminué d’environ 5 % par an. La diminution est plus marquée en 2003 et 2004.

Mode de contamination

Les personnes contaminées par rapports hétérosexuels représentent 52 % des nouveaux cas de sida, les hommes contaminés par rapports homosexuels 25 % et les personnes contaminées par usage de drogues injectables 12 %. Le nombre annuel de cas de sida chez les usagés de drogues a diminué assez régulièrement entre 1997 et 2004. Le nombre de cas chez les homosexuels s’était stabilisé entre 2001 et 2003, puis a diminué en 2004. Chez les personnes contaminées par rapports hétérosexuels, le nombre de cas a augmenté entre 1999 et 2002 pour diminuer ensuite.

Répartition géographique

Les taux de cas de sida les plus élevés sont observés en Guyane, à Paris, en Guadeloupe, en Martinique et dans les départements limitrophes de Paris.

Connaissance de la séropositivité et traitement antirétroviral

Presque la moitié (47 %) des personnes pour lesquelles un diagnostic de sida a été posé ignoraient leur séropositivité au mo-ment du diagnostic, 26 % la connaissaient mais n’avaient pas bénéficié d’un traitement antirétroviral présida. L’ignorance de la séropositivité au moment du diagnostic de sida est plus fréquente chez les personnes d’Afrique subsaharienne (63 %) que chez les Français (39 %).

Pathologies inaugurales

23 % des pathologies inaugurales de sida sont des pneumocystoses, 22 % des tuberculoses, 16 % des candidoses oesophagiennes, 12 % des toxoplasmoses cérébrales et 9 % des Kaposi. Les fréquences annuelles de ces pathologies se sont peu modifiées sur les années récentes.

Dépistage et diagnostic dans les laboratoires LaboVIH

le nombre de sérologies VIH réalisé par l’ensemble des laboratoires [y compris pour les CDAG (2)] est estimé à 4,9 millions en 2004 (dont 74 % en ville). Près d’un quart (24 %) sont réalisées en Île-deFrance.

La proportion du nombre de sérologies confirmées positives rapporté au nombre de sérologies effectuées (2,4 pour mille) ainsi qu’à la population (195 cas par million d’habitants) est beaucoup plus élevée en Île-de-France et dans les Dom que dans les autres régions.

Conclusion

La diminution apparente du nombre de cas de sida en 2003 et 2004, plus marquée qu’au cours des années précédentes, pourrait en partie être liée à l’introduction de la notification obligatoire du VIH et au fait que les cliniciens omettent d’adresser une fiche de notification de sida lors d’une découverte de séropositivité concomitante à celle du sida. L’interprétation des tendances récentes des données de la surveillance du sida en est donc rendue difficile.

L’activité de dépistage se maintient à un niveau élevé en France (4,9 millions de sérologies en 2004) et augmente régulièrement depuis 2001 (+ 4 % par an).

Le nombre de sérologies confirmées positive rapporté au nombre de sérologies réalisées a légèrement augmenté en 2004 (2,4 pour mille) par rapport aux années précédentes (2,3 en 2001, 2002 et 2003). L’Île-de-France et les Dom ont à la fois une activité de dépistage et une proportion de sérologies positives élevées. Quant à la région Paca, l’activité de dépistage y est élevée et la proportion de sérologies positives inférieure à la moyenne nationale.