Phyto-oestrogènes et cancérogenèse

Les phyto-oestrogènes alimentaires sont des composés non stéroïdiens dérivés des plantes qui possèdent une faible activité oestrogénique. En effet, d’un point de vue de la structure, il existe quelques analogies entre ces derniers et les oestrogènes. Les isoflavones et les lignans sont les principaux phyto-oestrogènes rencontrés dans l’alimentation, les cumestrans étant moins abondants dans cette source. Certaines études expérimentales réalisées in vitro et in vivo suggèrent que ces substances seraient capables d’interférer avec la cancérogenèse. D’un point de vue écologique, il existerait même une corrélation négative entre leurs taux plasmatiques et la fréquence des cancers dans certaines régions du globe. Une étude castémoins suggère que les phyto-oestrogènes pourraient diminuer le risque de cancer bronchique. Elle a inclus 1 674 malades porteurs de ce type de tumeur et 1 735 volontaires sains. La consommation de 12 de ces substances a été évaluée à l’aide d’un questionnaire alimentaire spécifiquement conçu à cette fin.

L’analyse statistique multivariée avec ajustement selon le sexe, le tabagisme et les facteurs de confusion potentiels, tout au moins ceux identifiables, met en évidence une association entre la consommation alimentaire de phytooestrogènes totaux et le risque de cancer bronchique. Les quartiles supérieurs correspondent à un odds ratio (OR) de 0,54 (versus quartiles inférieurs). Dans le sexe masculin, cet effet protecteur est constaté, quels que soient le groupe chimique et la source, phytostérols et isoflavones étant considérés isolément. En revanche, dans le sexe féminin, l’effet précédent n’est statistiquement significatif qu’avec les phyto-oestrogènes totaux contenus dans l’alimentation (OR = 0,66 ; p = 0,01). Il semble en outre exister un effet additif entre le traitement hormonal substitutif et certains représentants de cette classe chimique, tels l’entérolactone et l’entérodiol (OR = 0,50 ; p = 0,04). Enfin, ces résultats s’observent chez les fumeurs comme chez les nonfumeurs, mais la tendance n’est pas significative chez les anciens fumeurs. Les études cas-témoins qui visent à établir des relations entre l’ alimentation et le risque de cancer souffrent de nombreuses limites qui interdisent toute conclusion hâtive. Il convient de confirmer ces résultats encourageants mais hypothétiques par des études contrôlées.